Dans le paysage complexe de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), certains enjeux captent immédiatement l’attention : la réduction des émissions de carbone, la gestion des déchets, l’efficacité énergétique… Pourtant, une ressource vitale, souvent reléguée au second plan, mérite une attention stratégique accrue : l’eau. La gestion de l’eau en entreprise ne se résume pas à une simple question de coûts ; elle représente un enjeu RSE fondamental, porteur de risques mais aussi d’opportunités significatives. Alors que les pressions sur cette ressource s’intensifient (changement climatique, croissance démographique, réglementations), il devient urgent pour les organisations de toutes tailles de s’interroger sur leur consommation d’eau et d’agir. Cet article vous guide à travers les étapes clés : du diagnostic initial aux actions concrètes et aux technologies innovantes pour réduire votre empreinte eau.
Pourquoi la gestion de l’eau est-elle un enjeu RSE incontournable ?
L’eau est essentielle à la quasi-totalité des activités économiques, que ce soit comme ingrédient, pour le refroidissement, le nettoyage, l’irrigation ou les usages sanitaires. Ignorer sa gestion expose l’entreprise à plusieurs risques :
- Risques opérationnels : Pénuries d’eau, restrictions d’usage ou dégradation de la qualité peuvent perturber, voire stopper, la production ou les services.
- Risques financiers : Augmentation du prix de l’eau et des coûts de traitement des eaux usées, potentielles amendes pour non-conformité réglementaire.
- Risques réglementaires : Des législations de plus en plus strictes encadrent les prélèvements et les rejets d’eau.
- Risques réputationnels : Les consommateurs, investisseurs et talents sont de plus en plus sensibles à l’impact environnemental des entreprises. Une mauvaise gestion des ressources en eau peut ternir l’image de marque.
À l’inverse, une gestion proactive de l’eau s’inscrit parfaitement dans une démarche RSE et apporte des bénéfices tangibles :
- Réduction des coûts opérationnels.
- Amélioration de la résilience face aux aléas climatiques et réglementaires.
- Renforcement de l’image de marque et de l’attractivité employeur.
- Contribution aux Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 6 (Eau propre et assainissement).
- Innovation et avantage concurrentiel.
Le diagnostic : Première étape indispensable pour une gestion efficace de l’eau
On ne peut améliorer que ce que l’on mesure. Avant d’implémenter des actions, un diagnostic précis de la consommation d’eau est crucial. Cette étape, parfois appelée « audit eau » ou « bilan hydrique », vise à :
- Cartographier les usages : Identifier où, quand et pourquoi l’eau est utilisée dans l’entreprise (processus industriels, refroidissement, nettoyage, sanitaires, espaces verts, restauration…).
- Quantifier les flux : Mesurer les volumes d’eau prélevés (réseau, forage, surface), consommés et rejetés.
- Identifier les points noirs : Repérer les fuites, les équipements gourmands en eau, les processus inefficaces.
- Calculer l’empreinte eau : Évaluer l’impact global de l’entreprise sur la ressource, en incluant l’eau « virtuelle » contenue dans les matières premières.
Ce diagnostic eau entreprise fournit une base factuelle pour définir des objectifs de réduction réalistes et prioriser les actions les plus pertinentes.
Actions concrètes pour réduire sa consommation d’eau en entreprise
Une fois le diagnostic posé, de nombreuses actions peuvent être mises en œuvre, des plus simples aux plus structurantes :
Optimisation des usages existants :
- Réparation des fuites : Souvent la source d’économies la plus rapide et rentable.
- Installation d’équipements hydro-économes : Robinets et douchettes à faible débit, chasses d’eau double flux, mousseurs…
- Optimisation des processus industriels : Réglage des machines, modification des cycles de nettoyage (nettoyage haute pression, nettoyage en place optimisé…).
- Gestion de l’arrosage : Arrosage raisonné (nuit/matin), paillage, choix d’espèces peu gourmandes en eau, systèmes goutte-à-goutte.
Changement des comportements :
- Sensibilisation et formation du personnel : Expliquer les enjeux, partager les bonnes pratiques, afficher les consommations.
- Mise en place d’indicateurs et de challenges internes.
Actions plus structurelles :
- Modification des procédés : Passer à des technologies moins consommatrices d’eau (ex: refroidissement en circuit fermé vs ouvert).
- Substitution : Remplacer l’eau potable par d’autres qualités d’eau lorsque c’est possible (voir section suivante).
Technologies innovantes au service de l’économie d’eau
La technologie offre des solutions performantes pour aller plus loin dans la réduction de la consommation d’eau :
- Compteurs intelligents (Smart Metering) : Suivi en temps réel des consommations, détection rapide des fuites et anomalies.
- Systèmes de recyclage et de réutilisation des eaux (REUT/REUSE) :
Récupération des eaux de pluie : Pour l’arrosage, le nettoyage des sols, les sanitaires (selon réglementation).
Traitement et recyclage des eaux grises (lavabos, douches) : Pour les chasses d’eau, l’arrosage.
Traitement avancé des eaux usées industrielles : Pour réutilisation dans le process (circuit fermé).
- Technologies de traitement membranaire : Osmose inverse, ultrafiltration, nanofiltration pour produire de l’eau de haute qualité à partir de sources alternatives ou pour le recyclage.
- Optimisation des tours de refroidissement : Systèmes de contrôle de la conductivité, traitements anti-tartre/anti-corrosion efficaces pour réduire les purges.
- Nettoyage cryogénique ou à la vapeur sèche : Alternatives au nettoyage à l’eau dans certains cas industriels.
Investir dans ces technologies d’économie d’eau peut nécessiter un budget initial, mais le retour sur investissement est souvent rapide grâce aux économies générées et aux bénéfices RSE associés.
Intégrer la gestion de l’eau dans sa stratégie RSE globale
Pour être réellement efficace, la gestion de l’eau ne doit pas rester une initiative isolée. Elle doit s’intégrer pleinement dans la stratégie RSE de l’entreprise :
- Fixer des objectifs clairs et mesurables de réduction de la consommation.
- Intégrer des indicateurs liés à l’eau dans le reporting RSE (ex: m³ consommés par unité produite, % d’eau recyclée).
- Communiquer en interne et en externe sur les engagements et les résultats.
- Impliquer les parties prenantes (fournisseurs, clients, collaborateurs) dans la démarche.
En conclusion
Loin d’être un sujet secondaire, la gestion de l’eau en entreprise est un pilier essentiel d’une démarche RSE crédible et performante. Face aux défis croissants liés à cette ressource, l’inaction n’est plus une option. En commençant par un diagnostic rigoureux, en mettant en œuvre des actions concrètes et en explorant le potentiel des technologies innovantes, les entreprises peuvent non seulement réduire significativement leur consommation d’eau et leurs coûts, mais aussi renforcer leur résilience, leur réputation et leur contribution à un avenir plus durable. Il est temps de donner à l’eau la place qu’elle mérite dans votre stratégie d’entreprise.
Pour en savoir plus : ADEME Infos – Toutes les actualités de l’Agence de la transition écologique
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One thought on “Gestion de l’eau en entreprise : Un enjeu RSE crucial (et souvent sous-estimé)”
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